Au Vietnam, dans la région du Delta du Fleuve Rouge aux environs de Hanoï notamment, ont existé et continuent d’exister pour certains des villages d’artisanat ayant su développer au cours des siècles un savoir-faire important qui fait aujourd’hui la renommée internationale du pays. Leurs productions étaient suite vendues, pour beaucoup, dans les différents marchés des environs, ou bien dans le Vieux Quartier des Trente-Six corporations de la capitale.
« L’existence de villages dotés de métiers traditionnels est une caractéristique du delta du Fleuve Rouge. »[1] renchérit l’érudit Huu Ngoc dans l’un de ses articles. Ainsi Bat Trang, Quat Dong, Van Phuc. Le Courrier du Vietnam, en 2018, explique que « Hanoï et ses alentours comptent plus de 1.300 villages artisanaux dont 276 reconnus pour leur activité traditionnelle. », ce qui prouve qu’en dépit de l’industrialisation du pays puis de sa participation au marché commun après le Doi Moi (1986), le Vietnam a su maintenir bon gré mal gré cette tradition millénaire des villages traditionnels d’artisanat.
VACTOURS revient dans le présent article sur l’histoire de ces villages de métier et les savoir-faire qui aujourd’hui fascinent de nombreux voyageurs étrangers comme nationaux.
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Les villages d’artisanat au Vietnam : une histoire indissociable de la colonisation chinoise
La naissance de l’artisanat au Vietnam remonte à la nuit des temps, mais son développement technique et son faste est souvent rattaché à ses relations avec la Chine, où de multiples ambassadeurs vietnamiens y apprirent les secrets de plusieurs savoir-faire.
Le développement des villages de métier au Vietnam remonte à la fin de la domination chinoise en 932, lorsque le général Ngô Quyên obtient l’indépendance du pays après avoir battu les Chinois. En 1010, l’empereur Ly Thai Tho installe la capitale impériale à Thang Long au bord du Fleuve Rouge. Progressivement, les artisans venus de la campagne, qui cultivaient un savoir-faire en parallèle à leurs activités agricoles afin de compléter leurs revenus souvent maigres, amènent à la constitution du Quartier des Trente-Six corporations qui, en réalité, en comptait bien plus.
Thang Long, aujourd’hui connu sous le nom de Hanoï, fut par ailleurs longtemps surnommée « Kế Chợ », autrement dit « les gens du marché », ce qui atteste de l’importance économique de la capitale. Les villages à ses alentours alimentaient et enrichissaient la capitale ; dans le même temps, les artisans pouvaient accumuler des capitaux qu’ils reversaient ensuite dans leurs villages d’origine, ce qui permettait à ces derniers de se développer.
L’artisanat servit pendant longtemps à la confection d’objets de culte ou bien de haute qualité, à destination de la Cour impériale et des grands mandarins, puis rapidement exportés à l’étranger au Japon et en Chine notamment. Par exemples, les céramiques de Bat Trang « se sont écoulées sur les marchés japonais et chinois, grâce à leur réputation de qualité. »[2].
Le deuxième usage des objets issus des villages d’artisanat au Vietnam était destiné à la vie de tous les jours, au sein de sociétés villageoises plus ou moins autonomes. Ainsi que nous l’expliquent Sylvie Fanchette et Nicholas et Stedman, spécialistes des villages de métier du Vietnam, « chaque type d’articles donnait lieu à une infinité de variantes qui était l’activité d’un village spécialisé. »[3] De fait, plusieurs villages travaillaient plus ou moins de concert sur un même matériau de base, mais pour en produire des objets bien différents.
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Les villages d’artisanat aujourd’hui
« Les trois quarts des entreprises restent familiales et de petite envergure. Encore très manuel pour la plupart, l’artisanat se pratique dans des ateliers nichés au cœur des villages. Ces activités sont inscrites dans la vie et l’emploi du temps familial, les enfants et les personnes âgées participent secondairement à ces travaux. Dans la plupart des villages, ces métiers occupent plus de 50 % de la population active. », détaillent Sylvie Fanchette et Nicholas Stedman. Du fait d’une main d’œuvre nombreuse à la campagne et du rôle que celle-ci continue de jouer dans l’économie nationale, les villages de métier parviennent à se maintenir en soumettant à une répartition du travail très rigoureuse.
Les deux chercheurs susmentionnés expliquent qu’il existent des clusters de villages (des regroupements, autrement dit) qui s’organisent à trois niveaux : 1) villageois (plusieurs entreprises complémentaires se spécialisent dans une sous-activité donnée) ; 2) inter-villageois (un village se spécialise dans une activité globale donnée et devient donc complémentaire d’un autre qui se spécialise dans une autre activité, mais toutes deux issues du même secteur) ; 3) entre villages et industries (certaines pièces détachées sont confectionnées par des usines)[4].
En conclusion :
La région du Delta du Fleuve Rouge regorge encore aujourd’hui, en dépit de la mondialisation, de villages d’artisanat qui se trouvent parsemés au sein de la banlieue de Hanoi. Au Vietnam, l’artisanat continue de vivre par leurs biais et leur marchandise se retrouve dans la plupart des marchés du pays, notamment, dans le cas de Hanoi, au Quartier des Trente-Six Corporations.
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[1] Huu Ngoc, « Promenade sur le Fleuve Rouge » in À la découverte de la culture vietnamienne, Éditions The Gioi, Hanoi, 2014 : p.39
[2] FANCHETTE, Sylvie ; STEDMAN, Nicholas. L’artisanat du delta du fleuve Rouge : une histoire qui se répète In : À la découverte des villages de métier au Vietnam : Dix itinéraires autour de Hà Nội [en ligne]. Marseille : IRD Éditions, 2009 (généré le 27 février 2020).
[3] Idem
[4] Idem